Ajouté le 15 nov. 2011
Monick Brès a toujours peint. Quand elle était jeune, elle passait beaucoup de temps à regarder peindre son oncle Edouard.
Peintre agreste, il aimait présenter les paysans dans leurs activités de tous les jours, aux champs, en famille, avec leurs animaux… Elle était subjuguée par la facilité avec laquelle il peignait ces personnages, leur donnait vie sur la toile, et restituait leur contexte de vie. Adolescente, elle l’accompagnait dans ses expos et vernissages.
Par la suite, elle n’a pas cessé de visiter les expositions, les musées, et les ateliers d’artistes.
Ayant été empêchée de suivre une carrière artistique, elle a exercé de très nombreuses années comme assistante sociale dans différentes administrations en métropole et outremer. Appréhender la diversité des caractères, des mentalités, des espoirs de vie, mais aussi des souffrances de chacun, la subjuguait. S’efforcer d’écouter et d’entendre les gens qu’elle rencontrait pour tenter de résoudre leurs difficultés la passionnait. Elle s’est formée intensément à la psychologie pour pouvoir les comprendre et les aider au mieux. Comprendre et décoder leurs modes de communication non verbale l’a amenée à observer leurs attitudes, gestes, postures, et donc leur corps. Cette pratique professionnelle sera d’une grande utilité à l’artiste future. C’est donc tout naturellement que dés qu’elle a pu s’initier et s’investir dans l’art, elle l’a fait sans retenue, avec passion.
C’est aussi tout naturellement qu’après avoir peint la vie sous d’autres formes : végétale, puis animale, elle souhaitera exprimer l’humanité à travers les corps des hommes et des femmes qui poseront pour elle.
Et quoi de plus naturel, après avoir aidé l’être humain dans ses difficultés sociales, que de s’intéresser à lui à travers son physique, sa beauté plastique.
« Quoi de plus beau que le corps humain, vivant, souple, sensuel et doux, tel que la nature l'a fait, sans impudeur ni artifice ? » dit-elle.
Elle s’est ainsi spécialisée dans la peinture et le dessin de nus d’après modèles vivants. Elle se bat avec les lignes, les formes, les volumes, les ombres et les lumières.
Calame, roseau taillé, pinceau à lavis, rien que quelques traits, quelques taches, pour restituer les formes, les postures, mais également la personnalité du modèle et son état d'âme, à travers le prisme de son regard, de sa propre personnalité et de sa sensibilité également exprimées.
Si l’être humain l’intéresse, ce qu’elle recherche avant tout, c’est de transcrire l’expression du modèle, et de créer une connivence entre le modèle et la personne qui regarde son tableau.
Si un savoir-faire est nécessaire, il doit être, selon elle, impérativement empreint de simplicité, d'humilité, d'oubli de soi, de respect et de fidélité au modèle.
Peindre les nus lui permet d’exprimer la liberté, celle du modèle libéré de ses vêtements, de ses tabous, de ses peurs et pudeur, et la sienne, dans la liberté du geste, de la tache, du trait, une liberté à la fois totale, et totalement maîtrisée.
Le peintre Balthus a dit : " L'érotisme est dans les yeux de celui qui regarde ". Pour Monick Brès, l’érotisme n’est qu’une facette de ce diamant qu’est l’être humain.